Tripot et maisons de jeu

Quelques grands seigneurs, dont le duc d'Orléans, redoraient leur blason en exploitant des maisons de jeu sous des prêtes-noms.

Au Palais-Royal malgré l'interdiction qui en avait été faite en 1785, on jouait couramment.

Les jeux à la mode était le biribi et le trente et quarante.

Le Biribi (de l'italien biribisso) est un jeu de hasard. Sorte de loterie à choix multiple (comme la roulette)
importée d'Italie en France au XVIIe siècle. Les joueurs misent sur 70 cases numérotées auxquelles sont associés des billets portant le même numéro. Les billets sont placés dans des boules creuses en bois et tirés au sort. C'est principalement un jeu pratiqué à la cour. Il prendra en français le nom de cavagnole et en anglais celui de bingo.

Le trente et quarante est un jeu d'argent et de hasard, autrefois disponible dans les casinos, qui ressemble assez au blackjack. Il se joue avec six jeux de 52 cartes.
Comme au blackjack, chaque carte vaut sa valeur faciale, les têtes valant dix points, et l’as systématiquement un point.
Le croupier dispose face à lui d'abord une première rangée de cartes, dite rangée des noirs, jusqu'à totaliser au moins trente-et-un points mais sans dépasser quarante. Il fait ensuite de même pour une seconde rangée, dite rangée des rouges. Ainsi chaque rangée est d'une valeur comprise entre trente-et-un et quarante, dont on ne retient que l'unité. La rangée déclarée gagnante suite à la donne est celle dont la valeur est la plus petite.
Chaque pari remporté rapporte une fois la mise. En cas d'égalité, les mises sont libres et peuvent être reprises ou déplacées, sauf dans le cas d'une égalité à un. Dans ce cas, les mises sont dites en prison : un coup est rejoué immédiatement, jusqu'à ce que les mises redeviennent libres ou qu'une rangée gagne.

MAISON DE JEU

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Une foule très bruyante et hétéroclite (gentilhommes, catins du Palais-Royal, joueurs, truands, escrots, tricheurs...) occupe jusqu'aux moindres recoins de la maison de jeu appartenant prétenduement à Latude.


Jean Henri dit Latude veille sur le bon déroulement de ses affaires et il acceuille chaque client avec empressement.

MAISON DE JEU

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La salle est grande, l’édifice lui-même est grand. De nombreuses portes donnent accès à des chambres privées. On devine aussi des portes dérobées. Un magnifique escalier mène au second étage..

L’ambiance est fébrile. Les serviteurs courent d’un client à l’autre. Plusieurs tables sont occupées par des joueurs de biribi ou de trente et quarante. On y joue gros. Des fortunes changent de main en l’espace d’une soirée. Les joueurs chanceux sont rapidement accaparés par d’insouciantes jeunes femmes. Alors que les ivrognes sont vite dépouillés de leurs bourses par d’habiles brigands.

Guillaume n’a encore repéré nul trace des trois gardes du corps de la première compagnie écossaise, mais la maison de jeu est très grande et la foule turbulente complique les recherches.

Latude a remarqué le nouveau venu. Il s’approche et il indique Guillaume à l’un de ses serviteurs.

- Que l’on apporte une coupe de vin à ce jeune homme ! Gracieuseté de la maison…

Guillaume prend la coupe de vin volontier et la pose devant lui puis demande au serviteur qui lui a donner, et lorsque le serviteur lui montre qui c'est, Guillaume s'approche de lui et demande

Merci monsieur à qui ai je l'honneur? Je recherche des amis vous pourrez peut être m'aider.

Latude examine le jeune homme. Il porte une épée accrochée à sa ceinture et sur celle-ci il est inscrit vive le roi. De toute évidence, il s’agit d’un militaire appartenant aux troupes de la maison du roi, certainement aux gardes du corps. Latude est très observateur et peu de détails lui échappe.

- Monsieur, je me nomme Jean Henri dit Latude et cette maison de jeu m’appartient. Je connais donc bien des gens. Cependant mon établissement est très fréquenté comme vous pouvez le constater. Les cliens viennent et repartent. Quel est votre nom et celui de vos amis ? Il est possible que je puisse vous aider. Je suis là pour cela. Je suis même certain que plusieurs jeunes femmes ici présentent aimerait bien faire votre connaissance…

Près du grand escalier, un individu à la face livide et sinistre observe les deux hommes. Un second personnage vient le rejoindre et lui glisse quelques mots à l’oreille.

Heureux de vous rencontrez, Je me nomme Guillaume et je viens d'arriver sur Paris de la province, j'ai rencontré trois hommes sur l'avenue menant à Versailles qui m'ont conseillé de les rejoindre ici pour me faire découvrir le meilleur endroit de la ville. Ils m'ont laissé cette épée car se sont des hommes du Roi et ils m'ont dit qu'en voyant cette épée les serviteurs de cette édifice pourront me dire où les trouver directement dans votre salle car vous n'avez pas énormément de soldats du roi. Pouvez vous me dire où les trouver?

Latude trouva très habile la réponse de Guillaume. Il en conclu que le jeune homme était manifestement pourvu de ressources et de savoir-faire. D’après son accent, Guillaume était probablement originaire d’une région situé au sud-est : du Dauphiné ou de la Savoie…

- Cette épée est en effet très reconnaissable. Seul les gardes du corps du roi en portent de semblable. D’autre part, vos amis ont parfaitement agit en vous recommandant ma maison de jeu comme le meilleur endroit à découvrir à Paris. Il n’en existe pas de meilleure.

Latude réfléchit quelques secondes.

- Des soldats du roi, il en vient peu. Cependant, lorsqu’ils daignent honorer ma maison de leur présence, ils ne passent pas inaperçu. À votre place, j’irais faire un tour au deuxième étage. Il y a plusieurs tables de trente et quarante et je ne serais pas surpris que vos amis soient occupé à gager leur solde comme tout bon soldat a l’habitude de le faire…

À première vue, Guillaume ne remarqua rien de particulier au second étage. Des joueurs étaient installés autour de tables tandis que d’autres individus discutaient passionnément de politique.

- Madame déficit se pique de faire et défaire les ministres. Le roi est trop mou. Necker sera renvoyé comme les autres…

- C’est pour cette raison qu’une barrière doit être dressé contre le retour des abus. Il nous faut les États généraux.

Un groupe plus nombreux s’était formé au fond de la salle. Une partie de cartes était en cours et de nombreux curieux faisaient cercle autour d’une table. De sa position, Guillaume ne pouvait voir les joueurs qui étaient entourés par les spectateurs.

Tout à coup une voix forte couvrit le bruit des conversations :

- PAR LE MANGE MORT ! Sur mon honneur et foi de gentilhomme, je haïs les tricheurs et je vais te régler ton compte mon ami…

Un inconnu bouscula Guillaume et il se précipita pour voir le spectacle.

- Enfin de l’action ! dit-il.

Des chaises furent renversées. Le cercle de curieux reflua. Des épées avaient été tirés. Des jurons fusaient de partout.

- Les morbleu ! les sangdieu ! les morts de tous les diables !

Les trois gardes du corps étaient au prise avec cinq soldats des gardes françaises. La rivalité était grande entre ces deux corps d’élite. Les gardes du corps étaient composés de nobles au service du roi alors que les gardes françaises formaient un régiment militaire infiltrés par les agitateurs et gagnés aux idées révolutionnaires.

Les trois frères Fragonard, Honoré, Charles et François étaient de caractère aventureux. L’épée nue à la main, Honoré avait remarqué que Guillaume lui adressait un signe.

Sangdieu ! cria t’il à Guillaume, je vous en prie; tirez votre épée et venez à notre secours.

Les soldats des gardes françaises surpris par l’éruption de ce nouveau personnage reculèrent d’un pas pour se regrouper et ne pas être pris à revers.

Au même moment, Latude montait en toute hâte l’escalier. Il était accompagné de quelques serviteurs.

Guillaume ne tira pas son épée et alla directement entre les deux groupes et face aux trois hommes, il regarda Latude arrivé puis dit aux gardes du corps

Gardes du corps qu'êtes vus entrain de faire? Je ne tirerai pas l'épée ici, ben dans ce lieu où le propriétaire m'a si bien reçu et vous aussi. Je suis pas là pour me battre mais pour vous parlez?

Puis il s'approcha des trois hommes et leur dit quelque chose qu'eux seul peuvent entendre.

Si je suis là c'est sur les ordres du capitaine, vous étiez absent au rapport de ce matin et surtout vous êtes dans un lieu du Duc d'Orléans et vous savez bien que ce dernier veux nous discréditer. Même si vous avez raison de vous battre le Duc ira se plaindre auprès du Roy de votre conduite. Maintenant il est temps de retourner voir la capitaine, compris?c'est un ordre.

Puis vers Latude

Mon ami, mes amis ici présent s'excuse des problèmes mais vous savez les hommes s'échauffent facilement aux jeux et lorsqu'ils sont entrain de discuter entre eux surtout entre soldats. C'est pour cela que nous partons de suite. Je payerai ce que doivent ces trois hommes.

Sangdieu ! s’écria Honoré.

Morbleu ! répondit Charles.

Par tous les diables ! ajouta François.

Les frères Fragonard trouvaient le jeune garde du corps bien audacieux et même très téméraire de venir s’interposer entre eux et leurs redoutables adversaires.

Les épées étaient donc retournés dans leurs fourreaux. On ne plaisantait pas, à la première compagnie écossaise, lorsqu’un ordre venait du Capitaine d’Iberville. En effet, celui ci était reconnu pour son mauvais caractère. Il avait la réputation d’être très teigneux, irritable et bourru.

Cependant, les gardes françaises ne l’entendaient pas ainsi.

- Hey, Fragonard ! Hey, Les trois frères connards !

Un éclat de rire parcourut la salle.

- Fréreconnard ! de reprendre en chœur les autres gardes françaises.

Cet injure était de trop pour Honoré. Il dégaina à nouveau son épée et il était prêt à faire ravaler ces paroles à cet impertinent.

Latude intervint alors.

- Du calme, mes Seigneurs ! Je ne veux pas de duel dans mon établissement. Le bon roi Louis XVI, le jour de son sacre, a juré de faire respecter l’édit interdisant les duels. En tant que troupes de la maison du roi, vous devez donner l’exemple : Erit haec quoque cognita monstris. Partez donc ! Vous ne me devez rien…

Alors qu'Honoré était prés à ce battre, il fut arrêté par Guillaume et ce dernier lui demanda de ranger son arme, ce qu'il fit à contre coeur en entendant Latude. Guillaume leur demande de le suivre puis il dit au maître des lieux

Comme vous pouvez le voir la colère et l'envie de ce battre ne vient pas de ces hommes. Nous partons de suite

Puis une fois dehors, il se retourna face aux trois hommes Je suis Guillaume de Miolans, porte étendard de la compagnie écossaise et je suis venu vous cherchez sous les ordres du Capitaine d'Iberville, si vous voulez vous plaindre de moi vous le ferez devant lui. Maintenant allons le voir au plus vite. Vous avez un rapport à faire.

- La chose est grave, répondirent les trois frères, c’est une affaire d’honneur.

Honoré semblait prêt à retourner dans la maison de jeu. Il avait encore l’intention de vider la querelle. Naturellement, ces deux frères Charles et François le suivraient volontiers dans cette entreprise.

Près de la sortie de la maison de jeu, dissimulé dans l’ombre, un individu à la face livide et sinistre observait les quatre hommes. D’autres individus avait également suivi les gardes du corps jusque dans la rue. Un nouvel attroupement était en train de se former.

Honoré dut finalement se rendre à l’évidence et reconnaître qu’il était plus sage de suivre les conseils du jeune porte étendard.

- Allons, Guillaume mon ami, le capitaine d’Iberville nous a ordonné de vous suivre. PAR LE MANGE MORT ! Il n’aime pas attendre et si nous ne voulons pas être consigné pour les 4 prochaines semaines, nous avons intérêt à obéir.

Mais avant de battre en retraite, Honoré se risqua à une dernière bravade. Il cria :

- Vive le Roi

Les quatre hommes se dirigèrent alors vers la caserne des gardes du corps située à Versailles entre l’avenue Saint Cloud et l’avenue de Paris (voir le plan de Versaille).

Sangdieu ! Je suis Honoré marquis de Fragonard, s’écria Honoré

Morbleu ! Je suis le chevalier Charles de Fragonard, répliqua Charles.

Par tous les diables ! Je suis le chevalier François de Fragonard, ajouta François.

- Nous sommes donc les trois frères Fragonard, répondit Honoré. Notre famille est originaire d’Aix-en-Provence. Je suis le plus vieux des trois. J’ai 22 ans (âge limite pour faire partie des gardes du corps). Mon frère Charles a 20 ans et François 19 ans. Nous servons sa Majesté, le roi, au sein de la première compagnie écossaise depuis deux ans déjà.

- Et toi Guillaume de Miolans, je ne t’ai jamais vu auparavant. Tu as l’air d’un honnête garçon, mais as-tu l’étoffe d’un garde du corps ? Est-ce que sais tenir une épée ? D’après ton comportement à la maison de jeu, j’en doute fortement. . PAR LE MANGE MORT !

Je sais tenir une épée mon ami cependant j'ai reçu l'ordre de pas l'utiliser. J'ai fais mes classes en Savoie, je suis le fils du comte de Miolans.

Nous voilà arriver à la caserne allons au bureau du capitaine tout de suite