Salon de Madame Necker

rue de la Chaussée-d'Antin

En 1789, le salon de Madame Necker acceuillait Condorcet, Sieyès, la jeune Madame de Staël (fille de Necker).

À l'occasion, il se pourrait que vous croisiez le Grand Homme. Le directeur général des Finances est par contre très occupé. Il est peu probable que Monsieur Necker vous adresse la parole, mais vous pouvez toujours tenter votre chance.

Tous sont les bienvenus.

Les conversations portaient sur des sujets très variés. Le jeune Pierre André comte de Faucon s’intéressa plus particulièrent à un échange de paroles très intense qui opposait deux protagonistes.

Premier personnage : Je jette les yeux sur toutes les parties du royaume et partout… je vois que malheureusement le désordre règne.

Second personnage (d’une voix forte et dure) : AH ! Mais il faut punir pour que l’ordre règne.

Premier personnage : La France espère que Sa Majesté, à l’exemple de son aïeul, ce grand et incomparable monarque Henri IV, prendra un jour le soin de ses affaires et apportera un remède aux maux de son État pour que son règne soit ubi et orbi l’objet d’une vénération très particulière.

Madame de Necker s’approcha du jeune homme. Elle était richement vêtu. Une rivière de perles rutilait à son cou. Elle parla avec vivacité et exaltation.

Très cher ami, je suis parfaitement ravi de vous accueillir dans mon modeste salon.

L’épouse du directeur général des finances se tourna alors et demanda à un invité de venir la rejoindre.

J’ai l’honneur de vous présenter Jacques de Flesselles comte de Brégy et premier magistrat de Paris.

Le gentilhomme s’inclina. Madame de Necker présenta ensuite le jeune noble.

Comte de Mortigliengo, Marquis de Gréoux, chevalier et gouverneur de Barcelonnette… élu député par la noblesse de la ville de Barcelonnette aux États-Généraux.

Le comte de Flesselles toussota.

Comte de Mortigliego j’espère que vous défendrez avec vigueur et énergie les doléances de la noblesse auprès de sa Majesté ?

Le comte de Faucon était un peu mal à l'aise. Toutes ces manières, ces politesses, ces convenances le faisaient transpirer. Cependant, il avait déjà eu à composer de la sorte lors des visites des Gouverneurs de Province de passage à Barcelonette.
Il s'inclina donc pour saluer le Comte de Brégy et lui répondit :

- C'est un honneur que d'être accueilli ainsi, madame, monsieur le Comte.
J'ai effectivement eu la charge, octroyée par mes pairs de la vallée de l'Ubaye, la vallée de Barcelonnette plus exactement, de faire part de leurs doléances et cela dans le plus strict respect de Sa Majesté le Roi et des traditions.
Notre royaume traverse une crise qui, je l'espère, ne sera que passagère. Il n'est jamais bon d'en être rendu à convoquer les Etats Généraux même s'ils sont l'occasion pour nous tous de parler directement au roi. Mais ce dernier est bien entouré. Je suis sûr qu'il saura gérer cette affaire avec intelligence.

Grand sourire
Puis il reprend :

- Sans indiscrétion, je suis tout nouveau à Paris et je n'ai pas le don de physionomie. Qui sont ces deux personnes qui discutent vaillamment ?

Madame de Necker accueillit avec joie et ostentation les paroles du jeune comte.

- Certes ! Sa Majesté est très bien entouré. Mon époux, le directeur général des finances, a imposé au roi la convocation des états généraux. Monsieur de Necker est un grand admirateur du système anglais et il escompte un redressement de la collaboration du roi et des élus de la nation, dont vous êtes un représentant prestigieux comte de Mortigliengo. Monsieur de Necker s’attend à ce que la noblesse le suive sur le chemin des réformes.

Madame de Necker prenait grand plaisir à parler de son époux. Elle ne manquait jamais une occasion de promouvoir sa carrière.

Le comte de Brégy s’empressa de changer de sujet et il saisit immédiatement l’occasion en répondant à la question du jeune député.

- Ces deux personnes, qui discutent vaillamment, sont l’apologie de notre époque. C’est le le domaine scientifique s’adressant au domaine militaire. Le premier personnage se nomme Pierre Antoine de Monet, chevalier de Lamarck. Il a fait paraître en 1778 une flore française qui lui vaut d’être à l’Académie des sciences. Depuis un an, il est le conservateur des collections botaniques du roi. Le second personnage n’est pas moins important, c’est Victor François duc de Broglie. Il est considéré comme le meilleur général du roi et il est maréchal de France depuis 1759.

Selon les règles de l’étiquette, le premier magistrat de Paris s’inclina pour saluer ses interlocuteurs.

- Veuillez m’excuser madame de Necker, comte de Mortigliego, mais on m’attend à l’hôtel de ville.

Flesselles se retira aussitôt.

Pierre André s'inclina pour saluer le départ du comte de Brégy.
Puis à Madame de Nécker

Madame,
Avez-vous quelques informations à propos des réformes que souhaitent faire passer Monsieur votre époux ?
Je m'intéresse vivement aux manières de faire évoluer notre monarchie dans le sens le meilleur pour tous.
Votre époux semble bien engagé dans cette voie là.

Madame de Necker est visiblement heureuse de pouvoir expliquer le rôle important voire même indispensable que joue, au conseil du roi, son époux.

- Les réformes que préconisent le directeur général des finances visent moins à faire évoluer la monarchie qu’à transformer l’aristocratie. Un moyen facile d’y parvenir passe par l’égalité de tous devant l’impôt. Monsieur de Necker souhaite une monarchie constitutionnelle qui stipulerait que le gouvernement français et un gouvernement monarchique, que la personne du roi est sacré, que la couronne est héréditaire de mâle en mâle, que le roi dépositaire du pouvoir exécutif nomme les ministres et enfin qu’il dispose d’un droit de veto suspensif sur les actes du pouvoir législatif. La noblesse doit abandonner une partie de ces privilèges en faveur du roi.

Puis tout en souriant à ses autres convives, elle ajouta :

- Comte de Mortigliengo, à votre tour, dîtes-nous quelles sont les doléances du peuple de la merveilleuse vallée de Barcelonnette.

Que contient votre cahier de doléances ? Expliquez-nous !

Pierre André de FAUCON sourit, charmé par l'élégance de Madame de Nécker et par son côté pétillant :

- Le "peuple" de Barcelonnette, comme vous l'appelez, est profondément fidèle à son roi. Il s'est montré courageux lorsqu'il a fallu défendre les frontières nationales et ce, tout au long de L'histoire commune. Je vous le rappelle, mais je suis sûr que vous le savez déjà, mais la vallée de Barcelonnette est française depuis peu : 1713 plus exactement et le traité d'Utrecht.
Nous sommes rattachés au Parlement de Provence et celui-ci reste sourd à nos revendications.
Ces Etats Généraux tombent très bien et le roi a été inspiré.

Des révoltes frumentaires ont chahuté la vallée le mois dernier. Quelques morts, beaucoup de dégâts et surtout, aucune avancée. Les greniers restent vides. Je suis là pour demander une meilleure répartition des récoltes sur tout le territoire.
Et j'espère que ma vallée soit reconnue à sa juste valeur. Nous sommes en première ligne en cas d'attaque ennemie et pourtant, nous demeurons dans une certaine isolation et une relative pauvreté.
Je pense que le roi a tout à gagner à réévaluer le potentiel de Barcelonnette. C'est pour cela que je suis là, Madame.

Madame de Necker régnait sur son salon comme le roi sur la France. Ses manières aristocratiques entraînaient la sympathie de tous, alors que sa robe de soie, un frais ruban sur la tête étaient suffisants pour faire d’elle le centre d’attraction du salon.


- Comte de Mortigliengo, vous êtes un brave jeune homme. Je vais faire part de vos propositions à mon époux. Monsieur de Necker. Il est possible qu’il souhaite vous rencontrer afin d’en apprendre plus à votre sujet.


MJ ajout d’un d’un point de renommée à ce joueur.

Pierre André de FAUCON :

- Je vous remercie pour votre initiative. Et sachez, madame, que je rencontrerai Monsieur Necker lorsqu'il lui plaira. J'ai beaucoup de curiosité à lui parler. J'espère que vous emploirez des mots suffisamment forts pour lui témoigner de ma volonté et de mon impatience.
En attendant Madame, peut-être, avez-vous quelques services à demander à un brave jeune homme qui ne demande qu'à servir une dame telle que vous ?
Un message à faire passer par exemple ou autre ?

Madame de Necker répondit :

- Mon époux, le directeur général des finances, est un homme très occupé surtout en ce moment. En effet, il doit consacrer beaucoup de temps à la préparation des états généraux. De plus, Il lui sera difficile de vous recevoir tant et aussi longtemps que le cahier de doléance de la ville de Barcelonnette ne sera pas déposé. Ce cahier n’a pas besoin d’être très détaillé mais il est une étape indispensable à accomplir pour vous comme pour tous les députés qui participeront aux états généraux.

(voir acceuil)

Pierre André de FAUCON :

- Bien, alors je cours remplir ce fâcheux cahier.

sourire.

- En tous cas, j'ai eu beaucoup de plaisir à vous rencontrer Madame, comme tout ceux qui m'ont précédé j'imagine et cela sera un véritable délice de converser à nouveau avec vous dans l'avenir. Pour l'heure, je vous transmets mes hommages et m'en vais le plus discrètement possible.

Madame de Necker prend une plume et du papier et elle écrit une lettre.

Lettre de Madame de Necker à Pierre André de Faucon, Comte de Mortigliengo, Marquis de Gréoux, chevalier et gouverneur de Barcelonnette… élu député par la noblesse de la ville de Barcelonnette aux États-Généraux.

Paris, le 4 avril 1789

Très cher ami,

Mon époux Monsieur de Necker a pris connaissance du cahier des doléances de la ville de Barcelonnette et il a été très impressionné par l’exposé des plaintes et remontrances que vous avez consigné au nom du peuple de cette magnifique vallée. En tant que directeur général des finances, il vous convoquera bientôt pour en discuter.

Pour ma part, je vais me permettre de recourrir à vos services pour une affaire qui me tient beaucoup à cœur. J’étais et je suis encore une très grande admiratrice de Monsieur Voltaire. J’ai lu toutes ces œuvres. Comme vous le savez sans doute le grand homme est décédé le 30 mai 1778. Monsieur de Voltaire n’a pas eu droit à des célébrations officielles et il a été enterré loin de Paris. Nous allons commémoré bientôt le onzième anniversaire de sa disparition.

J’ai, avec quelques amis, ouvert une souscription pour faire ériger une statue à l’ermite de Ferney, à notre grand écrivain monsieur de Voltaire. J’espère que vous répondrez favorablement à ma sollicitation. Une somme de cent livres seraient grandement appréciée.

Suzanne Necker.

MJ : ajout de 5 pts de renommée à ce joueur - pour la rédaction du cahier de doléance

Madame de Necker brisa le cachet de la lettre qu’elle venait de recevoir. Elle examina immédiatement la signature de son correspondant. Il s’agissait du comte de Mortigliengo. C’est donc avec un vif intérêt qu’elle commença sa lecture.

Madame de Necker,

J'ai appris votre volonté de faire ériger une statue à feu monsieur Voltaire. Vous semblez, en coeur de votre salon, apprécier ses idées et sa philosophie.
Bien que je m'émeuve de sa propention à toujours vouloir railler la religion, il faut reconnaître qu'il était un homme sage et éclairé. Il faut toujours, comme il l'a fait sa vie durant, combattre les injustices de son temps et tenter d'améliorer ce bas monde où Dieu nous a mis par la faute d'Adam et Eve…

La lettre était fort bien écrite et elle en disait beaucoup sur la personnalité du jeune comte. La missive était plus longue et nous en donnons ici seulement un extrait.

Mme de Necker termina sa lecture. Puis elle sortit une plume et du papier afin de répondre à Pierre-André de FAUCON d'AUDIFREDI. Elle scella l’enveloppe de son sceau et la remis à une domestique afin qu’elle soit transmise dans les meilleurs délais à son destinataire.