Des deux ordres privilégiés (noblesse et clergé), le premier est le clergé. Cette priorité est due à la fois au caractère sacré de la fonction et à son rôle dans l'État. Le clergé garantit et sacralise pour l'éternité l'ordre social, politique et intellectuel.
La religion catholique est en effet la religion de l'État, selon le statut fixé par le Concordat de 1516. En droit donc, tout sujet du roi en France est catholique. Il existe bien des minorités religieuses, mais elles n'enlèvent rien au monopole catholique.
D'autre part, le premier ordre du royaume assume plusieurs services publics :
- la charité - notamment sous la forme hospitalière;
- l'enseignement - 600 collèges secondaires reçoivent 75 000 élèves;
Le clergé est le seul à être vraiment organisé en
ordre, avec son souci d'une double autonomie vis-à-vis du roi et de Rome.
Sa puissance économique est très grande. Le clergé est exempt d'impôts et le
don gratuit qu'il consent est le plus modeste possible. Il est un grand propriétaire foncier et immobilier. On estime qu'il possède 10% des terres du royaume et son revenu annuel serait de 90 à 100 millions de livres.
L'espace est catholique : à Paris il y a près de 50 paroisses et les couvents occupent le quart de la superficie de la ville. Le temps est aussi catholique : le calendrier, les rythmes de travail, les fêtes chômées . Les grands événements de la vie individuelle (naissance, mariage, mort) ne peuvent se passer de la bénédiction divine, moins encore braver les interdits.